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Il m’est souvent demandé la signification de KADGODDEU.ORG. Le Cad Goddeu ou « combat des arbres » est un poème de TALIESIN, barde gallois du VIᵉ siècle, dont la réalité historique est contestée. Taliesin a joui pendant plusieurs siècles d’une extraordinaire renommée.
Beaucoup des textes attribués au barde Taliesin font l’objet d’une controverse, liée en grande partie au trop fameux « re-découvreur » de la culture celtique, Iolo Morganwg.
Ce monument de la culture de l’île de Bretagne inspira à Shakespeare le mythe de la forêt en marche dans Macbeth.
Vous trouverez sur ce site des articles et textes rédigés pour diverses organisations depuis le début des années 2000.
Comme j’aime souvent à le souligner, notre société s’est construite à la faveur de la rencontre de Jérusalem et d’Athènes. Il ne faut pas pour autant oublier le troisième pilier de la construction de notre société : l’Islam, qui apporta à l’Occident un extraordinaire corpus scientifique, philosophique et métaphysique.
Ce « souffle historique », nommé esprit (roua’h רוּחַ ou pneuma) par les diverses traditions spirituelles issues du monothéisme, n’a jamais cessé son influence sur notre société. Aussi est-il navrant, pour quiconque ayant une perception pneumatique du monde, d’observer ses semblables s’entr’égorger et s’entre-déchirer au nom d’une analyse à la fois réductrice et strictement littérale des grands textes fondateurs.
Le Cad Goddeu, sommet de l’ésotérisme celtique et chrétien, demanderait pour son interprétation plusieurs ouvrages d’herméneutique pour seulement percevoir sa dimension symbolique, éthique, métaphysique et spirituelle.
Robert Graves, dans son très curieux ouvrage The White Goddess, y voyait une allégorie symbolique de la fin des pratiques religieuses des anciens Celtes. Graves appartient à ces auteurs qu’il faut avoir lus pour mieux s’en éloigner un jour. Nous donnons acte à Graves de nous avoir laissé un essai poétique à l’évhémérisme assumé. Cependant, ses travaux ne constituent pas une méthode herméneutique rigoureuse et scientifique.
Seule une interprétation des textes fondateurs, en faisant usage de la philosophie pour le registre sémantique et de la symbolique au plan de la méthode, peut être à même de résoudre les inexactitudes et les approximations doctrinales. Ces inexactitudes et approximations sont souvent la mère de bien des intolérances et exclusions.
Nous observons aujourd’hui la forme la plus insidieuse et perverse de ces exclusions sous la forme de l’émergence des divers identitarismes, qui, loin de servir à la compréhension et au décryptage des réalités objectives de la vie quotidienne, enferment leurs adeptes dans le plus profond obscurantisme en réduisant les diverses traditions à une stricte application du contenu littéral des textes.
Cette situation est d’autant plus dommageable que cet enfermement intellectuel et pratique est parfaitement contraire à tous les enseignements traditionnels. Réduire la diversité anthropologique aux seuls particularismes spirituels revient à dresser d’artificielles murailles au sein d’une humanité forcément unitaire.
Si les formes plastiques, rituelles, mythologiques, allégoriques des diverses traditions de l’humanité sont certes plurielles, attendu qu’elles sont avant tout des émanations culturelles, elles ne doivent jamais être interprétées en dehors du contexte historique, social et politique les ayant vues naître.
Elles ne sauraient constituer un obstacle au dialogue entre les divers groupes humains, dès lors qu’elles restent une voie d’approfondissement philosophique, éthique et métaphysique et se gardent de toute prétention à légiférer dans la sphère temporelle.
La triple grille de lecture, ontologique pour notre perception des états multiples de l’être, spirituelle pour l’influence historique, et éthique au plan d’une praxis envers nos semblables, est une voie transversale à tous les particularismes (le plus souvent artificiels).
Face à la menace des intégrismes que l’histoire humaine a trop souvent connus, nous n’avons pas seulement le droit mais le devoir de tenter, chacun à notre mesure et selon nos natures respectives, de jeter des ponts entre les différents groupes humains. Aussi citerai-je, en forme de conclusion, deux propos de John Toland, philosophe et libre penseur irlandais :
« Oui, je le dis : la saine raison et la lumière du sens commun font une règle éternelle et universelle sans lesquelles le genre humain ne peut subsister en paix et félicité une seule heure. C’est le traité solennel de toute société sur la terre, soit qu’il s’y trouve ou qu’il ne s’y trouve pas de religion révélée ; c’est la seule chose qui est admise par toutes les révélations, quelques opposées qu’elles soient entre elles à tout autre égard. Jewish, Gentile, and Mahometan Christianity (p. 122). »
« Nonobstant tout ceci, si grande est l’aversion que la diversité des mœurs inspire en général aux hommes, et tout particulièrement la variété de rites ou de doctrines religieuses contradictoires, que, loin de se porter un amour réciproque et de se rendre mutuellement de bons offices, en tant qu’ils appartiennent à la même espèce, ils ont la sottise de se mépriser et de se haïr les uns les autres en raison de leurs usages civils, mais la cruauté de s’entre-persécuter et de s’entr’égorger quand ils viennent au religieux. »
(John Toland, Raisons de naturaliser les Juifs, 1707)
Jean-Marc CAVALIER LACHGAR
