Les non Israélites dans la bible

Définir l’identité n’est pas aisé. L’acception de ce terme recouvre des notions diverses plus ou moins objectives à la lisère.du sociologique et du psychologique .L’identité individuelle est souvent subjective en particulier dans sa relation entre notre individualité la société. L’identité sociale plus objective, s’exprime dans les critères d’appartenance à une profession, à une classe sociale. Quant aux identités culturelles et cultuelles, elles se définissent autour  du partage par d’une communauté d’un noyau de règles et de valeurs.

 

Ainsi « l’identité » personnelle se trouve-t-elle au confluent de toutes ces identités il est conséquence encore moins aisé de répondre à notre époque à la question « qui est juif »( מיהו יהודי) ? .

 

Du point de vue du judaïsme orthodoxe la réponse est simple, la judaïté se transmet par matrilinéarité ou s’acquière au terme d’une conversion « reconnue ». Il est d’ailleurs intéressant de noter dans la vision orthodoxe ne préjuge nullement du niveau de pratique dans le cas de la transmission de la judaïté par matrilinéarité.

 

Il est d’ailleurs étymologiquement impropre de parler de « juifs » dans le TaNaKh, ce terme désignant alors un habitant de la Judée. Il serait plus juste de parler de peuple Israélite, et encore ce terme n’a de sens qu’à partir de l’époque des enfants de Jacob.

 

Il est fait mention des Non-Israelites dans la bible de deux façons, d’une part au travers de la législation applicable au Guer et d’autre part par la valeur d’exemplarité de certains d’entre eux.

 

De nombreux Non-Israelites vinrent s’agréger au peuple Israélite au travers de mariages extérieurs, de nombreuses épouses de personnages bibliques n’appartenant pas aux Bnei Israël ou d’une manière volontaire.

 

.La mentions la plus significative de cette agrégation volontaire se trouve indiquée dans le livre de l’exode  (Ex12:38) Une multitude de gens de toute espèce montèrent avec eux; ils avaient aussi des troupeaux considérables de brebis et de boeufs.

 

Ainsi ce verset témoigne d’un universalisme certain, au travers de la libération du joug de l’oppression inique à la fois du peuple hébreu et de ceux les ayant accompagné dans l’épreuve. Si la pratique de 613 mitzvot n’est pas exigée des étrangers,. il est en revanche déclaré plus loin l’application de la loi sans distinction entre les hébreux et les étrangers en séjour parmi eux. Exode 12:49 La même loi existera pour l’indigène comme pour l’étranger en séjour au milieu de vous.

 

La Torah proclame une stricte égalité de traitement envers son prochain, qu’il appartienne ou non au peuple Israélite. Le lévitique l’affirme sans ambiguïté en ces termes VaL’havta YaRacha KaMocha » Lv 19:18 (Tu aimeras ton prochain comme toi-même).

 

Dans le même soucis d’universalisme, deux personnages bibliques non Israélites méritent un examen particulier, il s’agit de JOB et de Ruth la moabite.

 

Job incarne le juste persécuté, et fut le sujet de nombreux commentaires, tant au sujet de son existence historique que de son appartenance au peuple d’Israël. Le Zohar ne doute pas de son existence et le présente comme un conseiller de Pharaon. La fidélité de Job à l’Eternel est telle qu’il possède une valeur d’exemplarité tant pour le juifs que pour les gentils.

 

La figure de Ruth dont le megilah est lu durant Shavouôth est également riche d’enseignement. Ce livre nous enseigne d’une part que la ligné Davidique procède d’un mariage mixte, et expose également l’institution du goelat afin d’éviter la disparition d’un nom. A la différence du livre de Job, Ruth la moabite incarne l’intégration au peuple d’Israël par la volonté et le respect des principes de la Torah.

 

Ainsi de nombreux personnages exogènes aux « Bnei Israël » sont décrits dans la bible, soit pour la valeur d’exemplarité de leur comportement, soit pour leur choix personnel de rejoindre les israélites ou pour leur fidélité aux principes de la Torah. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les Nethinim, donnés aux Lévites qui intégrèrent le peuple d’Israël.

 

Si la bible est le livre du peuple d’Israël, le texte est aussi porteur d’une longue tradition d’ouverture à l’autre, en tant que l’humanité est unitaire au sens ou toutes et tous nous émanons du couple primordial, mais aussi en présentant les comportements humains comme universels nonobstant les questions d’origines ou d’extraction.

 

Si la bible considère finalement la fidélité aux principes de la Torah comme le signe marquant de l’appartenance au peuple de l’alliance, et comme un devoir de les transmettre aux générations à venir, elle nous invite également à réfléchir à deux dérives possibles de l’application aveugle des principes. Ces deux dérives étant le familialisme d’une part et le nationalisme d’autres part. Ces deux dérives engendrant des comportements contraires à l’éthique. Le familialisme pouvant à son paroxisme ignorer les lois temporelles, et le nationalisme entraînant la haine de l’autre. L’épisode des deux filles de Lot enivrant leur père est à ce propos tout à fait significatif. De cette liaison incestueuse avec leur père naîtront deux fils ; Moab (qui procède du père) symbole des dérives du familialisme et Ben-Ammi (fils de mon peuple) symbolisant le nationalisme.