A propos de Hanoukka

La fête Hanoukka en commémorant la nouvelle dédicace du second temple le 25 du mois du mois de Kislev de l’an 3622 est forte de sens. Il est possible d’interpréter cet événement comme l’une d’une des premières victoires sur l’anti-judaïsme mais aussi à l’inverse le prodrome de la nature des relations entre juifs et gentils. Le refus de l’altérité d’Israël se manifesta au cours des siècles au départ par une position strictement théologique l’anti-judaïsme, puis par l’antisémitisme empreint de thèses laïques racistes et enfin prit une forme politique plus perverse par l’antisionisme. Notre époque friande de concepts flous amalgame dangereusement souvent ces trois thèses à l’encontre du peuple juif.

 

Cependant il y eu de tout temps parmi les gentils quelques philo-sémites, sensibilisés à la condition humaine qui ne pouvaient accepter le traitement fait à leurs frères juifs. Il serait trop long de citer à la fois les philosophes ou les prosélytes connus qui rejoignirent la cause d’Israël.

 

La toute première mention de cette universalisation de la conscience de gentils à la lumière de l’iniquité perpétrée envers les hébreux est faite dans le livre de l’exode par le verset affirmant « Une multitude de gens de toute espèce montèrent avec eux « Exode 12:38

 

Il est toutefois deux philosémites qui méritent une attention particulière . John Toland père du panthéisme moderne, issu d’une famille d’érudits irlandais les U Thuathallain. Il affirmait  » le soleil est mon père, la terre ma mère, le monde mon pays et l’humanité ma famille ». Né de parents catholiques, il se convertit au protestantisme avant de défendre un point de vue déiste. Toland percevait l’humanité comme unitaire, reformulant ainsi le mythe biblique du couple primordial. En 1714 il écrivit un ouvrage tombé dans l’oubli, « Raisons de Naturaliser le juifs en grande Bretagne et en Irlande sur le même pied que toutes les autres nations » qu’il adressa aux « révérendissimes Archevêques et aux très révérends évêques des deux provinces » d’Angleterre.

 

Il s’adressa au clergé en ces termes  » Il est indéniable que c’est des juifs que vous appris qu’il n’y qu’un seul dieu, et c’est d’eux encore que vous avez reçu les saintes écriture, que c’est d’eux toujours que sont issus Moïse et les prophètes, de même que Jésus et les apôtres […] votre érudition vous convainc que ce peuple ne mérite pas ce mépris dont on l’accable si généralement de nos jours puisque aucune nation ne peut produire de plus authentiques monuments de sa grandeur, de son antiquité, de sa théocratie et même de ses exploits militaires et de ses traits d’héroïsme. »

 

Ces propos firent scandale, son livre fut brûlé en place publique, et Toland s’exila en Grande Bretagne. Il ne reste de nos jours que sept exemplaire orignaux dont un à l’université de Jérusalem, Toland plaidait soixante dix ans avant l’abbé Grégoire pour une émancipation politique des juifs. Ainsi le père de la démarche d’émancipation politique des juifs tomba dans l’oubli jusqu’à la réédition récente de ses œuvres en français en 1988.

 

L’autre philosémite plus beaucoup plus connu, au point que l’on pense qu’il fut juif est Charles Chaplin. Son film le dictateur fait preuve de tant de clairvoyance que l’on pourrait penser qu’il a été réalisé après la Shoa. La confusion fut entretenu entre autre par le FBI qui commençait tous ses rapports comme suit :  « Israël Thonstein alias Charles Chaplin ». Ceci était du au fait que le Who’s Who de la communauté juive américaine avait auparavant affirmé que Chaplin était issu d’une famille nommée Thonstein, émigrée d’Europe de l’Est et établie à Londres depuis 1850.

 

Le troisième Reich prit Chaplin comme cible. La Ruée vers l’or fut interdite en Allemagne, et il fut diffusé un portrait de lui avec cette légende « Le petit acrobate juif répugnant et repoussant. « 

 

Charles Chaplin ne possède cependant aucune origine juive . Un des ses biographes en 1987 écrivit : « A travers quatre générations de Chaplin, de Hill, de Terry et de Hodges, sans oublier bien entendu l’origine bohémienne des smith, il n’existe aucune trace de sang juif. Les ancêtres de Chaplin semblent avoir accompli régulièrement leur rituel familial au sein de l’Eglise d’Angleterre, si l’on excepte Hannah, qui chercha le réconfort auprès des baptistes. « 

 

Il est à noter cependant que Chaplin ne nia jamais l’affirmation selon laquelle il aurait appartenu à Israël sauf en 1915 lorsqu’il déclara « Je n’ai pas eu l’heureuse fortune d’être juif.» .Il alla même jusqu’à dire publiquement à la suite du dictateur. « Quiconque nie le fait d’être juif pour se protéger joue le jeu des antisémites »

 

Il est évident que ces deux citations émanent plutôt d’un philosémite que d’un juif de « naissance ».

 

Nier ou ne pas faire état de sa judaïté pour sauver sa vie ou pour faire cesser l’agression antisémite est parfaitement compréhensible pour ceux qui l’ont expérimentée, c’est à dire pour la grande majorité des juifs en diaspora.

 

Je pense qu’aucun juif n’aurait fait reproche à un autre juif de pas faire état de sa judaïté face à des gentils pour sauver sa vie, attendu qu’un des points centraux de la théologie juive repose précisément sur la sauvegarde de la vie avant toute pratique ou reconnaissance par autrui ou mieux encore par des gentils. Il semble que Chaplin devait ignorer ce point essentiel du judaïsme quand il fit cette déclaration.

 

Toutefois ces deux grands philosémites jouèrent un rôle clef en sensibilisant, au prix du scandale et de déboires personnels, de nombreux gentils à la condition du peuple juif.

 

Bibliographie:

 

John Toland Raisons de Naturaliser le juifs en grande Bretagne et en Irlande sur le même pied que toutes les autres nations PUF 1998.

 

David Robinson Chaplin, sa vie, son art, Editions Ramsay, 1987